Quelques soucis d’orientation.
Le 19 Septembre 2019 Vorey.
Un réveil encore une fois très humide et saisissant. Les bords de la Loire sont frais. Nous sommes repartis sous le soleil dans la bonne humeur. Nous avons avalé de bons et courts dénivelés avec des descentes maîtrisées par Cabotte. Cela fait partie de notre quotidien maintenant.
Nous allons de surprise en surprise sans s’en soucier réellement. Nous arrivons ainsi sans encombre au beau village de Vorey. La mairie me propose un endroit tranquille pour la nuit. Je m’y rends sans attendre. En chemin je rencontre un groupe animé de randonneuses. Une flopée de femmes (un bon nombre à la retraite) bien décidées à abattre des kilomètres dans la bonne humeur. Je crois qu’il n’y avait que des femmes. S’il y avait eu un seul homme dans le lot, il eût été petit, discret, effacé et peu encombrant ! Certaines étaient bavardes et amusées de nous rencontrer. Elles tombaient à pic. J’avais des doutes sur la direction à prendre. Elles décidèrent de nous escorter jusqu’au parc. Un petit détour pour elles. C’était très inattendu et sympa. Je n’ai jamais été dans ma vie de randonneur en de si bonne compagnie. Cabotte montrait le meilleur d’elle-même. Elle était fière et altière, marchait en dandinant du derrière… Une caricature vivante. Elle n’a reçu que des éloges. C’était la star du défilé.
Le parc était immense. Un endroit idéal. J’en profitais pour remettre de l’ordre dans mes affaires et sécher ma tente. Je me suis couché tôt. Trop tôt !
J’étais bien au chaud dans l’antre de mon duvet. Quelle heure est-il ? Je cherche à tâtons autour de moi mon portable. Je ne le trouve pas. Je n’insiste pas. J’essaie de deviner quelle heure il pourrait bien être à travers la toile de tente. Aucune lueur d’espoir. Je me renfonce dans mon duvet. Dépité. J’essaie de chasser ou d’oublier cette insoutenable envie de pisser. Mais je ne tiendrai jamais jusqu’à l’aube. Aucune position ne soulageait ma vessie. Il y a urgence. Je dois me lever. C’est douloureux de s’extraire du duvet. Il fait frisquet. C’est très désagréable d’enfiler un teeshirt humide et poisseux. Je sors laborieusement de la tente, le sol est glacé. J’ai des frissons qui parcourent tout mon corps. Pieds nus (j’ai la flemme de me chausser) et en tenue très légère, je m’engage dans la nuit froide. Ma lampe frontale émet une faible lumière. Ça ira pour cette fois-ci. Je n’en ai pas pour des heures. Je m’éloigne rapidement de la tente, m’arrête enfin et me soulage. C’est si bon de se vider. Quel bonheur ! Il était temps. Une vraie libération. Alors que je venais à peine d’en terminer ma lampe s’est éteinte en douceur. Comme une bougie en fin de vie. Plus de jus. Les piles étaient mortes. Je ne voyais rien, pas même mes pieds. Le ciel était couvert. La lune absente. Je ne peux pas compter sur elle. Comment revenir à la tente ? Je ne savais pas où elle se trouvait. Dans la précipitation j’étais sorti droit devant moi, sans me soucier de la direction. Je m’en étais éloigné d’une cinquantaine de pas maximum. Pourquoi être allé si loin pour me délester de mon embarras ? J’appelle Cabotte. Elle ne me répond pas. Je tends l’oreille. Ecarquille les yeux par pur réflexe ! Une ineptie. Je la localise. Elle aussi n’est pas loin de la tente. Je décide, en me retournant, de compter quatre-vingts pas vers la tente, ensuite un décalage de deux pas à droite, retour dans l’autre sens et ainsi de suite. J’espère, en ratissant cet espace, tomber sur la tente. Cette manœuvre très aléatoire s’avère payante au bout d’un quart d’heure environ de tâtonnements. J’ai douté de son efficacité. J’ai cru à un moment donné que je m’étais perdu ! Il faut vraiment croire en soi pour persister dans cette technique de recherche. Le plus important est d’avoir retrouvé la tente et le duvet. Je m’y suis glissé dedans sans me faire prier. Le froid m’avait saisi le haut du corps. Cinq minutes après je dormais la vessie vide. Quelle aventure !